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Anciens auditeurs à la une

Mon. Eric

Mon. Eric

Trafic d’espèces sauvages en Novembre 2019

À la une de ce mois-ci, nous vous présentons un ancien auditeur qui a suivi le cours sur le trafic d’espèces sauvages en 2019. Dans un entretien avec lui, il nous a fait part de la manière dont il applique les leçons tirées du RTC pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages au Bénin. Il nous a également fait part des avantages qu’il a tirés de son appartenance au réseau des anciens du RTC. Bonne lecture !

Pouvez-vous nous parler de vous et de votre carrière dans les services chargés de l’application de la loi ?

Je m’appelle Eric et je suis le chef de la Brigade forestière spéciale du port de Cotonou, au Bénin. J’ai rejoint le service forestier en qualité d’officier et j’ai depuis été élevé au grade de capitaine. Je totalise onze (11) années d’expérience dans l’application de la loi, marquées par une passion pour la protection et la valorisation de la faune. Je travaille actuellement à la supervision de la réhabilitation de la population de pangolins, qui est l’espèce la plus victime de trafic et la plus en voie de disparitionau monde. Avant d’occuper mon poste actuel, j’ai occupé plusieurs postes de direction au sein du service, qui étaient tous axés sur les enquêtes sur les crimes liés aux espèces sauvages et sur la protection des espèces vulnérables et en voie de disparition. Je suis également un membre actif de l’Association des Rangers du Bénin (BRA), une composante opérationnelledans le cadre de la conservation des espèces sauvages et de leurs habitats au Bénin.

Pourriez-vous décrire brièvement le commerce illégal des espèces sauvages au Bénin?

Au Bénin, comme dans tous les autres pays, malgré nos systèmes de répression, qui sont plus efficaces qu’auparavant, nous continuons à enregistrer des cas de commerce illégal d’espèces protégées. Ce commerce se fait principalement via des circuits terrestres autour de nos frontières, notamment avec le Nigeria, le Niger, le Burkina Faso et le Togo. La porosité de nos frontières fournit des pistes de contrebande cachées que les trafiquants utilisent et dissimulent chaque jour. Toutefois, nous avons fait des progrès significatifs dans la sécurisation de nos frontières maritimes et aériennes. Il est aujourd’hui quasiment impossible de réussir à passer de manière clandestine par ces postes frontières. Ma brigade au port autonome de Cotonou, en collaboration avec d’autres organismes compétents chargés de l’application de la loi, veille à la protection contre toutes les formes de trafic illégal, notamment les défenses et les sabots d’éléphants, les écailles et les peaux de pangolin, les peaux de caméléons, les peaux de léopard, les têtes et peaux de crocodile, les peaux de python, et autres. Je voudrais mentionner qu’une grande quantité de spécimens faisant l’objet d’un trafic illégal provenait des parcs de conservation du Bénin, car nous abritons une grande partie du complexe W-Arly-Pendjari (WAP), qui est la plus importante zone de conservation des espèces sauvages en Afrique de l’Ouest, comptant 8 900 têtes d’éléphants. Avec le soutien d’une ONG, le Bénin a adopté l’agriculturecomme moyen d’atténuer le trafic d’espèces sauvages et pour fournir un autre moyen de subsistance aux braconniers potentiels, et cette démarche s’avère très fructueuse. Nous avons également adopté des projets tels que le projet dénommé « Réduire au minimum l’abattage illégal d’éléphants et d’autres espèces en voie de disparition »(MIKES), qui contribuent grandement à la conservation. À titre d’exemple, en 2019, environ 51 kg d’ivoire d’éléphant et soixante peaux de différentes espèces protégées ont été saisis au Bénin. L’année dernière, la Cour suprême a annulé un jugement rendu par une cour d’appel en faveur de la sauvegarde des espèces animales en voiede disparition, ce qui montre bien que la justice au plus haut niveau est sensible à la lutte contre le crime lié aux espèces sauvages. En 2004, le Bénin a promulgué une loi qui condamne les trafiquants à des peines allant de 6 mois à 10 ans de prison ou à des amendes allant de 300 000 à 800 000 francs CFA.

Comment le cours sur le trafic d’espèces sauvages auquel vous avez assisté en novembre 2019 a-t-il contribué à accroître vos connaissances dans votre domaine de travail ?

Pendant le cours sur le trafic d’espèces sauvages (WTIP) au RTC, nous avons approfondi des cas spécifiques et effectué des exercices pratiques sous la supervision d’experts du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) et du Service des ressources halieutiques et des espèces sauvages des États-Unis (FWS). Maintenant, je comprends mieux les normes internationales, ce qui me permet d’intervenir dans des questions liées à l’industrie conformément aux procédures reconnues au niveau international. De plus, les témoignages, explications et exercices pratiques présentés pendant la formation par mes collègues de la sous-région m’ont permis de me rendre compte debon nombre des nouvelles techniques de contrebande utilisées par les trafiquants ces derniers temps.

Quelle compétence ou technique du RTC avez-vous trouvée utile et la plus applicable à votre emploi ?

Les compétences que j’ai acquises au RTC ont contribué à accroître mon professionnalisme dans le domaine de l’application de la loi. Bien que ces compétences ne soient pas nouvelles pour nous, le RTC nous a enseigné les bonnes méthodes avec lesquelles nous devrions appliquer certaines techniques. Grâce aux connaissances acquises au RTC, j’ai pu soumettre une proposition pour une forme d’inspection non intrusive. Grâce à cette méthode, nous travaillons en collaboration avec certains partenaires internationaux à la mise en place d’une brigade canine que nous utiliserons pour détecter les défenses d’éléphants, les écailles de pangolin et d’autres marchandises de contrebande. Nous entendons également, pour la première fois, entraîner des chiens à renifler les espèces de bois dont l’exportation est interdite au Bénin. Une autre technique que j’ai apprise au RTC est le ciblage. Nous avions auparavant des difficultés à assurer une inspection à 100 % de toutes les cargaisons entrantes et sortantes ;toutefois, depuis que le RTC nous a donné une meilleure perspective sur le ciblage, nous utilisons efficacement cette technique pour empêcher les exportations illégales d’espèces sauvages et de marchandises illégales en transit, ainsi que les importations illégales. J’ai également trouvé la planification opérationnelle fort utile dans mon travail.

Comment avez-vous partagé les connaissances acquises au RTC avec vos collègues ?

Une fois de retour au bureau, mes collègues et moi-même qui avons suivi le cours avons organisé une session de formation pour partager les connaissances acquises avec nos collègues qui n’ont pu assister à la formation. Cette approche était conforme au principe de formation des formateurs de notre organisme. Outre les douaniers des aéroports et des ports, nous avons également formé un total de 40 agents et membres du personnel des unités d’inspection forestière. Ces formations devaient se dérouler jusqu’en septembre mais ont été interrompues en raison de la pandémie du Covid-19. Notre principe de formation des formateurs est que les 5 agents de chaque unité d’inspection forestière ayant bénéficiéde formation peuvent former des agents au niveau municipal, qui font de même, à leur tour, pour les agentsau niveau des districts, ce qui crée un effet d’entraînement.

Diriez-vous que votre appartenance au réseau des anciens du RTC vous a été bénéfique ?

Oui, tout à fait ! J’apprécie à sa juste valeur la collaboration dont j’ai bénéficié de la part d’autres collègues au Bénin et dans la sous-région. Avant d’aller au RTC, j’avais des collègues du service des douanes du Bénin avec lesquels j’étais censé travailler, mais nous ne nous connaissions pas bien et nous ne nous parlions jamais, nine collaborions sur le terrain. C’est au RTC que nous nous sommes rencontrés pour la première fois et que nous avons commencé à discuter de la collaboration sur le terrain. Depuis, nous avons partagé des informations. Grâce au réseau, nous développons et entretenons maintenant des contacts internationaux avec lesquels nous échangeons des informations. Par exemple, je sais qui contacter au Ghana, en Côte d’Ivoire ou au Nigeria lorsque je suis sur une piste de contrebande ; si je dois effectuer une livraison contrôlée vers ces pays, je sais avec qui collaborer. Étant donné l’importance du réseau des anciens, je pense que l’ILEA doit universaliser le réseau afin que nous puissions nouer des contacts avec des anciens que nous n’avons peut-être pas rencontrés, mais dont nous pouvons avoir besoin sur le terrain. J’aimerais témoigner ma gratitude au RTC pour la formation qui s’applique fort bien à mon travail. J’attends avec impatience d’autres possibilités de formation.

Merci infiniment, M. Eric, pour nous avoir fait part de vos rétroactions. Écrivez-nous à info@westafricartc.org et si vous souhaitez être interviewé. Il nous tarde de recevoir votre appel.