Alumni in Focus

Rétroactions des Anciens Auditeurs

Mme. Sakho

Mme. Sakho

Juge d’instruction - la cohorte de formation sur la lutte contre la corruption en 2018

Nous avons reçu le mois dernier les rétroactions d’une ancienne auditrice du RTC qui avait été désignée pour participer à la formation sur la corruption des pouvoirs publics au mois d’octobre. Elle a été heureuse de partager avec le RTC les mesures prises par le Gouvernement guinéen en vue de renforcer les capacités de son secteur judiciaire sur la base des recommandations qu’elle a formulées au Gouvernement à l’issue de sa formation en 2015. Lisons  ce qu’elle avait à dire.

Je suis très heureuse d’avoir été désignée pour assister au cours de cette année sur la corruption des pouvoirs publics au RTC. Ma première rencontre avec le RTC remonte au mois de novembre 2015 où j’ai participé au cours intitulé « Le rôle du pouvoir judiciaire dans un société démocratique » avec des homologues issus de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Sénégal et du Togo. Ce cours a été dispensé par une équipe d’instructeurs très expérimentés qui ont engagé les participants dans des discussions en plénière et en table ronde des experts de la justice sur les différents thèmes au cours de la séance de formation.

En ma qualité de juge d’instruction dans un tribunal de première instance à Conakry (République de Guinée), les connaissances acquises au cours de la formation ont apporté une valeur ajoutée à mon travail quotidien. Les concepts de démocratie et d’État de droit sont très vastes et constituent tous deux un lien important pour s’assurer qu’un État est régi par le droit. Bien que ces concepts soient distincts en soi, ils ne peuvent fonctionner efficacement de manière isolée.

Tout pays régi par l’État de droit a besoin de la démocratie pour promouvoir la bonne gouvernance de l’État. Cette conception corrobore la définition qu’Abraham Lincoln donne de la démocratie en tant que système de gouvernement dans lequel le pouvoir est conféré au peuple directement ou par l’intermédiaire de représentants élus. En tant qu’agents chargés de l’application de la loi, nous pouvons évaluer l’état de la démocratie et de l’État de droit d’un pays donné en examinant les textes et le cadre juridique disponibles dans ce pays. Le concept de démocratie nécessite la mise en place d’instruments et de mécanismes juridiques robustes pour garantir son bon fonctionnement.

Suite aux recommandations que nous avons formulées à l’issue de la formation, le gouvernement guinéen a pris des initiatives visant à renforcer le système judiciaire dans le pays. Dans le cadre de ses initiatives, le gouvernement a organisé une série de programmes de formation en vue de renforcer les capacités des agents de la justice et a également outillé les agents chargés de l’application de la loi pour les aider à rendre  justice de manière efficace en Guinée. Soucieux de rendre la justice plus accessible au public, le Gouvernement guinéen a lancé des programmes de sensibilisation des citoyens. Tous ces efforts déployés par le gouvernement ont permis la création d’un climat de compréhension entre les agents chargés de l’application de la loi et les citoyens en quête de justice.

Certaines organisations internationales telles que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont soutenu les efforts du gouvernement en renforçant les capacités de certains tribunaux à Conakry et dans d’autres régions administratives. Ces tribunaux ont été outillés en vue d’accélérer les audiences et le jugement de nombreuses affaires pénales, notamment des affaires en instance au stade de l’instruction depuis des années. En outre, une clinique juridique a été créée pour apporter une assistance juridique aux accusés afin qu’ils puissent bénéficier d’un procès équitable.

Bien qu’il existe encore des améliorations à apporter, les résultats escomptés peuvent être atteints en adoptant des instruments juridiques solides et en respectant le principe de la séparation des pouvoirs.

J’exprime ma gratitude aux responsables du RTC pour m’avoir donné l’occasion d’acquérir des connaissances et de les partager avec les responsables de mon gouvernement. Le secteur de la justice en Guinée a réellement tiré parti de cette formation à travers les résultats obtenus à ce jour.